L’histoire de la transition énergétique européenne est encore jeune et cet Atlas montre qu’elle peut avoir un brillant avenir devant elle. Le monde d’hier est celui d’une Europe approvisionnée par un cercle restreint de grandes compagnies d’énergie ; le futur, lui, est celui d’une Europe dont l’approvisionnement en énergie décarbonée et réellement propre – c’est-à-dire qui ne laisse pas un héritage lourd aux générations futures à la fois en termes de carbone et de déchets – est entre les mains des villes, des communes et surtout de millions de citoyens et citoyennes européens, acteurs et actrices de la production d’énergie.
L’énergie a toujours joué un rôle important dans la construction européenne. La transition énergétique avance, partout en Europe, mais à des allures inégales dans les différents pays européens. La capacité de production d’énergies renouvelables a augmenté de 66,6 % entre 2006 et 2016 et contribué ainsi à un développement plus durable et à la création de nombreux emplois. Dans les pays les plus avancés en matière de transition énergétique, ce sont souvent les collectivités locales et les citoyens qui mènent la transition.
Avec la signature de l’Accord de Paris, l’Union européenne s’engage à agir pour maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 °C.
L’Union européenne est-elle à la hauteur de ce mouvement et de cet engagement ? Le récent Paquet « Énergie Propre » adopté par la Commission témoigne de certaines avancées : un objectif contraignant de 32 % de renouvelables et un objectif d’efficacité énergétique de 32,5 % en 2030, avec une clause de révision en 2023. L’énergie citoyenne est enfin reconnue par les projets de directives : les communautés de l’énergie y sont citées, et y acquièrent de nouveaux droits. Mais ces avancées sont trop peu ambitieuses et elles ne sont pas conformes à l’Accord de Paris : de nombreux experts du secteur estiment qu’il faudrait avoir fixé des objectifs respectivement de
45 % et 40 % au niveau européen pour atteindre nos objectifs climatiques.
Les secteurs de la chaleur et du transport sont au cœur des prochains défis de la transition énergétique en Europe. Les technologies renouvelables n’y sont pas encore assez développées : les incitations manquent. Le couplage des secteurs de la chaleur (et du froid), des transports et de l’électricité peut permettre à l’Europe d’atteindre un système énergétique issu à 100 % d’énergies renouvelables en répondant à la problématique de la variabilité de la production et de la consommation de ces énergies. Les technologies nécessaires existent.
Les énergies renouvelables présentent des avantages clairs, en particulier lorsqu’elles sont aux mains des citoyens et citoyennes. Décarbonées, elles contribuent à limiter la pollution atmosphérique et à lutter contre le réchauffement climatique. Décentralisées, elles permettent de générer valeur ajoutée et emplois durables à l’échelle locale. Démocratiques, elles permettent aux citoyennes et citoyens de reprendre le contrôle sur la production de leur énergie.
Avec cet Atlas, nous entendons démontrer que la transition énergétique est une opportunité pour l’Union européenne, qu’elle est une chance et un combat à mener. La France et l’Allemagne peuvent se saisir de l’opportunité de renforcer leur relation autour d’un deal énergétique qui profite en premier lieu aux citoyens et citoyennes. Une transition énergétique européenne et citoyenne : un tel projet politique peut contribuer à redonner confiance en l’Union, et en sa capacité à être la figure de proue de la transformation sociale écologique globale qui s’impose. L’Union européenne est à l’orée du nouveau monde de l’énergie. Cet Atlas vous invite à l’y faire entrer.
Ellen Ueberschär
Co-présidente de la Heinrich-Böll-Stiftung
Jens Althoff
Directeur, Heinrich-Böll-Stiftung, Bureau de Paris
Jules Hebert
Coordinateur de programme, Heinrich-Böll-Stiftung, Bureau de Paris